Évocation des rivages
Pourquoi écris-tu ? Voici la vraie, bonne, essentielle question. Depuis la première flèche de l’aube, au plain-chant des saisons, j’écris pour voir clair en moi. J’ai besoin, mon corps !, de cohérence, de sens, d’espace. Le voyage, intérieur et mobile, est une forme suprême de connaissance. Et un art de vivre selon le tao du ciel. Au long cours, ces trente dernières années, des Amériques à l’Asie de l’extrême, du septentrion vers le midi, allers-retours, la déambulation me porte aux azimuts. Curieux de tout, la foulée altière, je parcours les replis du monde, notre brave planète, désormais frémissante d’incertitudes, à la rencontre des géographies aventureuses et des écosystèmes bigarrés selon l’intime de mon axe zodiacal, me moquant des barbelés symboliques et des frontières bétonnées. Carnet à la main, le feutre qui trempe dans les eaux, l’oreille experte, l’œil vif, au bout de toutes les routes, j’explore le grand réel que certaines pensées poétiques, les plus puissantes, appellent « réel absolu ». Pour mieux révéler l’insolite dans le commun. Pour mieux à ma guise me trouver. Pour mieux vivre dans la plénitude. [...]
Né en 1957 à Paris, Francis Donskoï, « aventurier de l’esprit », vit et travaille sur les rives de la Méditerranée, entre montagne et mer, dans son atelier des dix mille livres aux quatre vents. Originaire en conscience d’espaces culturels polymorphes, s’exprimant en langue française dans une perspective résolument transeuropéenne, Francis Donskoï « trace des signes explorateurs » depuis qu’il sait marcher et lire. Son livre d’essais, Carnets atlantiques, a été accueilli dans les bibliothèques du monde.
