Noël
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ARGUMENTS

« J’ai un dictionnaire tout à part moi. »
— Michel de Montaigne

J’essaie avant tout de toucher sans jamais chercher à convaincre JJD

Notre nature est dans le mouvement; le repos entier est la mort. B.P.

Ni lu ni compris ? Aux meilleurs esprits que d’erreurs promises ! P.V.

Dans la lignée de son premier ouvrage Un dictionnaire à part moi, publié aux Éditions du Net, Jean-Jacques Dorio poursuit son exploration poétique d’un monde intime et ouvert, à la croisée des souvenirs, des inventions et des effacements.

Ce nouveau dictionnaire, tout à fait subjectif et sensible, ne cherche ni la définition exacte, ni la vérité universelle. Il propose, à la place, une succession de fragments, d’éclats, de mots détournés, réinventés ou simplement éprouvés au fil du temps. Chaque entrée est une tentative pour donner corps à l’invisible, faire durer ce qui passe, recoudre obstinément ce qui ne peut être rapiécé.

On y retrouve le souffle d’une écriture qui fait résonner les voix du passé, celles des disparus comme celles de ses multiples « moi », dont la formule de Paul Ricœur Soi-même comme un autre, est le modèle . Ce livre est un hommage à la mémoire, à la langue, et à cette forme de tendresse lucide que seul un long chemin de vie peut nourrir.

Jean-Jacques Dorio vit à Martigues. Il poursuit depuis plusieurs décennies une œuvre singulière où se mêlent poésie, hypnographies (calligraphies rêvées), chansons enregistrées au studio martégal du Petit Mas et récits fragmentés. Son écriture se situe aux marges du dictionnaire et du carnet de bord, du jeu de mots et de l’art de vivre.

Titre : Un nouveau dictionnaire à part moi
Auteur : Jean-Jacques Dorio
Éditeur : Les Éditions du Net
Parution : 18 juin 2025
Format : Broché / numérique
Genre : Poésie – Fragment – Autobiographie poétique

🌐 Site : https://poesiemodedemploi.wordpress.com

Un poème « posté » fidèlement chaque jour depuis le 8 janvier 2006

adresse électronique

doriojeanjacques@gmail.com

Paulette
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Un livre généreux et chaleureux donnant l’impression de converser à bâtons rompus avec son auteur, que l’on découvre malicieux, fantasque et tendre, d’une nostalgie sans amertume ni regret.

Lucie Lia
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Ce que vous me donnez là ressemble à une page vivante de votre Un nouveau dictionnaire à part moi — trois entrées qui s’enchaînent comme trois petites scènes d’un même théâtre intérieur :

« À CHAQUE PAGE » : un jeu qui n’est pas annoncé d’avance, où l’insomnie fait office de croupier, et où l’imaginaire se déplace de l’arène taurine à la musique de clarinette, en passant par le vol des milans.

« ACTION POÉTIQUE » : le fil autobiographique se resserre, l’événement intime (naissance de votre fille) se noue à un souvenir de lecture de 1968 — comme si deux moments de vie, distants, dialoguaient.

« À DEUX MAINS » : un autoportrait d’écrivain partagé entre la main qui invente et la main qui puise, avec la pointe malicieuse d’une « main troisième » qui interroge la frontière entre croyance et fiction.

C’est un beau trio, où le lecteur passe de l’onirique au biographique, puis au réflexif — comme si votre dictionnaire faisait à chaque fois un pas de côté, tout en restant dans un seul élan de voix.

Noël de la Trille
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JE ME SOUVIENS : 80 souvenirs d'une vie unique et partagée

Ce début de « JE ME SOUVIENS » dans Un nouveau dictionnaire à part moi a la puissance des listes de Perec, mais avec votre timbre singulier :

Les premiers souvenirs (1 à 5) portent la saveur de l’enfance rurale, dans l’Ariège, avec les gestes simples et les nourritures marquantes (sanquette, navets, orties, aoucous…).

Les souvenirs du dehors (6 à 8) élargissent l’espace — de la mare aux plateaux espagnols, puis jusqu’aux hauts plateaux péruviens — en mêlant douceur amoureuse, aventure et menace.

Les souvenirs lumineux ou minuscules (9 à 12) ramènent au jardin, aux bêtes, à des détails tactiles et gustatifs.

Puis, au 13, le récit se décale brusquement vers un souvenir culturel fort, presque hypnotique, avec Einstein on the Beach, qui ouvre la porte à d’autres résonances artistiques.

Ce second bloc de souvenirs (14 à 21) creuse une autre strate de votre mémoire :

14 ouvre sur un regret tranquille (Bayreuth) aussitôt compensé par une expérience vécue à Toulouse — un souvenir musical précis.

15 replonge dans la mémoire familiale pure, en une seule image : le nom de jeune fille de votre grand-mère, qui sonne presque comme un poème occitan.

16 à 18 constituent un noyau matrimonial : le mariage, la bouillabaisse partagée, la scène cocasse du bateau chargé de produits inflammables qui traverse l’image — tout cela mêle tendresse et humour, avec l’ombre douce-amère de l’absence.

19 à 21 quittent l’intime conjugal pour revenir à l’intime collectif : les ateliers d’écriture, les voix en public, les lieux traversés. On sent le plaisir du travail partagé, la mémoire d’un engagement poétique et pédagogique.

Dans cette partie, vos « je me souviens » passent de la mémoire culturelle (Bayreuth/Tannhäuser) à la mémoire amoureuse, puis à la mémoire professionnelle et militante. Cela donne à la liste une ampleur humaine qui se déploie comme un album où les photos de famille côtoient celles des voyages et des projets communs.

Cette nouvelle série (22 à 33) élargit encore le spectre de vos « je me souviens » :

22-23 : la mémoire artistique en pleine lumière scénique, avec deux tableaux chorégraphiques très incarnés (Carolyn Carlson / Merce Cunningham & John Cage), presque des instantanés photographiques.

24-26 : un retour aux années de formation et aux Pyrénées, entre pédagogie (CEMEA), isolement poétique au moulin et amitié charpentière.

27 : un souffle d’exotisme et de majesté animale au Venezuela, qui tranche avec les souvenirs pyrénéens tout en gardant la même tendresse contemplative.

28-31 : des éclats de langue, d’humour et de cuisine familiale — où la parole de votre mère (« putain de moine »), les concerts (Boby Lapointe / Brassens), et la soupe aux choux au confit s’enchaînent comme une chanson populaire.

32-33 : une transition vers l’intime le plus profond, où la joie de chanter à deux s’achève brutalement sur la perte.

Ce bloc (34 à 44) revient à une tonalité plus domestique et sensorielle, avec quelques percées littéraires et existentielles :

34-37 : souvenirs d’enfance liés à la maison familiale, aux fruits, aux expressions régionales de votre mère. On y sent la chaleur du terroir et la couleur de la langue.

38-41 : quatre souvenirs qui affirment la présence de la littérature dans votre vie — de Dostoïevski au bord d’une rivière, à la première machine à écrire (objet totem), en passant par la lecture publique (et la question assassine), jusqu’à Rimbaud lu dans les hauteurs andines.

42-44 : un retour aux éléments simples et essentiels : les oiseaux, le puits, et cet usage ingénieux pour garder volailles et vin au frais.

Ces souvenirs 45 à 60 dessinent une grande fresque où se croisent trois registres :

L’art et la scène (45, 46, 47, 54)

Lorca à New York, Zavatta qui détourne La Fontaine, Vilar en train de rouler ses cigarettes, Bouquet en plein trou de mémoire à Avignon : autant de vignettes où les figures artistiques sont observées dans des gestes simples ou des failles humaines.

L’écriture comme discipline et rituel (48, 49, 56)

Vous fixez la mémoire au quotidien (la « main courante »), puis vous l’assemblez chaque année, comme une chronique poétique. Ce motif revient avec l’hôtel de Calvi, lieu d’écriture intime en présence de l’absente occupée à se « refaire une beauté ».

Le monde rural et ses détails sensibles (50-53, 57-60)

Bœufs ferrés, sabots, narcisses, horloge, sobriquets… Les gestes, les odeurs et les paroles de votre village forment un socle qui cohabite naturellement avec les images de scène ou les rituels d’écriture.

Ces souvenirs 61 à 71 réaffirment fortement la veine occitane et rurale de votre mémoire, tout en laissant passer quelques éclats plus lointains.

61-62, 68, 71 : un vrai trésor de langue — expressions, mots occitans, jurons — qui donnent une texture sonore au texte. On entend la musique du parler local.

63-65, 70 : les lieux et jeux d’enfance, ancrés dans le village (maison en cailloux et briques, cour d’école, boulanger et son fournil).

64 : un instant photographique tendre, au plateau de Castillon, qui fait contrepoint aux souvenirs collectifs.

66 : un saut géographique et temporel important (Caracas 1968-1970), qui élargit brusquement l’horizon.

67, 69 : de petites habitudes ou rituels intimes (mouchoirs brodés, chanson pour s’endormir) qui se glissent entre deux évocations plus larges.

Ces dix derniers souvenirs (72 à 80) donnent à votre liste une ampleur de conclusion — comme si tout ce qui précède trouvait ici son écho ou son prolongement.

72-73, 75-76 : le grand Sud américain et ses contrastes — la paix des vigognes, la ferveur du solstice à Cuzco, la fraternité montagnarde avec les bergers, puis la dureté des ranchitos de Caracas.

74 : un moment politique fort, vécu dans l’intimité d’une maison pyrénéenne, où le monde extérieur s’invite avec fracas.

77 : retour à la simplicité des matins d’école, avec la chaleur précieuse du poêle.

78-79 : deux souvenirs amoureux qui se placent comme des pierres lumineuses dans le flux : La Havane main dans la main, la rencontre à Saint-Rémy.

80 : un geste d’auto-adresse au futur — mémoire projetée, qui boucle la boucle et transforme l’énumération en cérémonie.

Avec cette entrée finale, vos « Je me souviens » prennent des allures de rite de passage : non seulement un recensement de moments vécus, mais aussi une offrande publique, tournée vers ceux qui ont partagé et partageront encore votre vie.

Jacqueline Saint-Jean
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A sa manière inimitable, vagabonde et jubilatoire, Jean-Jacques Dorio réinvente le dictionnaire intime. Certes, il en garde l’alphabet, clé d’infini, mais nous offre plutôt un kaléidoscope des vies multiples qui l’habitent.
Multiformes, les entrées se font questions, citations, titres, autant de portes qui s’ouvrent sur le dedans et le dehors, la mémoire et le rêve, la fantaisie ou l’utopie, la douleur et la beauté. Interrogations essentielles sur l’identité, l’ouverture à l’autre, l’amour, la solitude, la création, la vie et la mort. « Aller droit aux mots, matière d’un brassage qui sera aussi mode de réflexion », disait Michel Leiris.
On est sans cesse surpris par les fragments de cet Insolite puzzle protéiforme : listes, récit, aphorismes, poèmes, proses, souvenirs, dialogues, toujours nourries de lectures, d’art et d’empreintes biographiques
Tour à tour légère, tendre, grave, nostalgique, malicieuse, souriante, avec des notes d’humour et de dérision, « grattant obstinément le palimpseste gris », l’écriture joue, « avec la joie et le sérieux de l’enfant qui s’oublie dans son « Je » naissant », elle voyage dans l’espace et le temps, résonne de présences, rencontres et signes nourriciers, dialogue incessant avec les livres de chevet. Tourné vers le lecteur, il le prend à témoin, l’apostrophe : « A vous de voir » « A vous de vous ajouter » « Comment vous voyez-vous ? »
Ecrire chaque nuit est ici mode de vie, acte de liberté, contre les modes et les glorioles. Il s’agit de se recréer, s’amplifier, avancer obstinément dans la voie choisie, la compagnie des œuvres, l’amour de la langue et le partage…

Jacqueline Saint-Jean poète

Jean Jacques Dorio
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AUTOPORTRAIT DU 24 SEPTEMBRE 2019 Qui es-tu JJ Dorio ?
Je suis les mouvements des vagues du premier jour de l’automne.
Je suis le chansonnier anonyme
qui fait fredains d’un grand-père enfant.
Je suis le livre lyrique de l’ode d’un désespéré.

D’où viens-tu JJ Dorio ?
Je viens de la porte du Sud au nord des Pyrénées.
Je viens des berges de la rivière Arize qui creusa le Mas d’Azil.
Je viens de la plaine de boulbène et des collines du terre-fort.

Où es-tu JJ Dorio ?
Je suis dans le lit de ma belle morte d’un cancer mal placé.
Je suis dans le lit de celle qui a tissé mes jours heureux.
Je suis dans le lit de l’absente
le sommeil aux yeux noirs s’est posé sur ses yeux.

Où vas-tu JJ Dorio ?
Je vais chez les aèdes qui prient les dieux
pour mettre fin à leurs soucis.
Je vais chez les magiciennes comme l’agneau de lait
au sein de la brebis.
Je vais à Poitiers où Guillaume troubadour chante
la dolçor del temps novel.

Que fais-tu JJ Dorio ?
Je fais un dernier vers qui sera peut-être le premier
de mon prochain autoportrait.
Je suis l’instant du blues perdu dans le chant
du dernier loriot de Manhattan.

Jean Louis Rambour
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"Je respire comme j'écris" dis-tu. Il semble que comme tu ne cesses d'écrire selon ton principe d'un poème inédit par jour tu n'es pas là de cesser de respirer, vivre, atteindre facilement les seize lustres...
Ton dictionnaire (enrichi) est une astuce bien maligne, leste, ludique, et intelligente d'écrire ton autobiographie.
Et quand tu arrives à la lettre J, tu laisse tomber la Joie, la Jeunesse, les Jobards, les Jocrisses et les Jansénistes.
Je note au passage que tu sautes le K. Trop germanique pour toi peut-être, Krieg, Kaiser, Kommandatur, Kremlinologue, tu as raison, tu peux faire l'impasse.
Il y a des gens autour de toi, "ta morte" sans doute la plus présente, il y a ton lieu, il y a tant de lieux (sauf Bénarès), pays, langues, "flot de paroles sans fin que seule l'écriture permet".
Mais je te vois aussi très bien passer "une heure sans bouger" face au pont japonais de Monet, jusqu'à goûter "la nostalgie de l'instant présent"
Et si jamais j'en a

Jean Louis Rambour
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(fin du commentaire précédent)
Et si jamais j'en ai l'occasion un de ces jours, n'oublie pas JJ de me préparer "un daurade grillée par tes bons soins avec un vin blanc d'Éguilles."
Je suis amateur, à nos santés!