
Les poissons migrateurs
« Une fois que je rangeais ma chambre, je retrouvai la boîte d’allumettes dans laquelle j’avais mis un peu du champ de mon grand-père Boudjemaâ. Une poignée de cette belle terre d’Asgun au pied de la cabane en pierres, où ma grand-mère Drifa mettait du foin. Au fil des ans, cette cabane s’était un peu délabrée, mais à mes yeux elle avait gardé toute sa noblesse. En ouvrant la boîte d’allumettes, je ressentis une émotion si vive que je dus m’asseoir sur mon lit. C’était comme si je redécouvrais en miniature le paradis de mon enfance. Il suffisait juste que je devienne une fourmi et j’aurais pu me promener sur cette terre comme lorsque j’étais enfant. »
Dans ce roman autobiographique, Idir Tas raconte ses six années passées à Grenoble, alors qu’il poursuivait des études doctorales en automatique et traitement du signal. Recherches scientifiques, plaisirs culturels, sportifs et culinaires, amitiés, premier amour, libertés en tous genres, tels sont les thèmes de ce récit d’apprentissage où la naïveté se mêle à la gravité faisant de cet auteur un Picaro moderne. Idir Tas joue avec les variations du thème de l’exil, qu’il s’agisse de l’exil du déraciné à l’exil intérieur de l’amoureux blessé. Il comble les lacunes du quotidien par des voyages imaginaires et intimes qui lui permettent de retrouver ses racines et de rester debout envers et contre tout. Sans renier ses origines, le narrateur s’efforce de découvrir chaque jour un peu plus les richesses et les subtilités de la culture française, aidé par le meilleur des guides : l’Amour.