Parution de « L'intelligence ne fait pas le bonheur » de Nadine Kirchgessner
Difficile de passer à côté du succès de HPI sur TF1 : la série est partout dans les médias à l’occasion de la 2e saison. HPI pour Haut Potentiel Intellectuel, use de l’expression moderne qui désigne les personnes surdouées.
Voilà une vingtaine d’années que ce phénomène est devenu un sujet central dans l'éducation des enfants alors même qu'ils ne représentent que 2,3 % de la population (méthode d’évaluation de Wechsler, courbe de Gauss avec un QI>130). Bien plus, si l’on se fie à ce que les parents pensent de leurs propres enfants… et ce, tout particulièrement devant des comportements turbulents, voire insolents.
A leur décharge, une littérature pseudo-scientifique, doublée d’une multitude de vidéos accessibles en ligne, les confortent dans une explication aussi simple et plus attrayante de cette attitude : leur progéniture est surdouée.
C'est notamment la thèse du livre le plus vendu « Trop intelligent pour être heureux ? » qui lie le haut potentiel à des difficultés sociales et émotionnelles. Son autrice est Jeanne Siaud Facchin et les médias ne cessent de la plébisciter, sans interroger les fondements scientifiques de ses théories. Ainsi, quand elle évoque l'amygdale – élément cérébral impliqué dans le traitement des réactions – et sa vulnérabilité chez les surdoués, quelles sont les études qui étayent ses dires ?
Récemment invitée pour présenter un live sur les enfants et les ados à Haut Potentiel, Jeanne Siaud Facchin développait ses méthodes. Mais un psychologue thérapeute peut-il toucher ou prendre dans ses bras son patient dans le cadre d'une thérapie ? Un enfant ? Un adolescent ? Est-ce conforme au code de déontologie des psychologues ?
« Le praticien ne peut entretenir de rapports personnels avec un patient, sauf à sortir du cadre thérapeutique. Le psychologue travaille avec la parole. La trop grande proximité physique n’est pas possible », relevait Alexis Rimbaud, dans son article Le psy et la déontologie
Mais est-il possible qu'une théorie aussi diffusée soit fausse ? Durant les années 60-70, la théorie des « mères réfrigérateurs » a dominé, rendant ces dernières responsables de l'autisme de leur enfant.*
La série de TF1 a le mérite de présenter une héroïne HPI, jouée par Audrey Fleurot, sympathique et attachante mais surtout heureuse !
La réalité, selon Nadine Kirchgessner, reste que les surdoués ne méritent pas d'être systématiquement associés à des troubles psychologiques alors même qu'être surdoué n'en est pas un.
Diplômée en psychologie et en Sciences de l’Éducation de l’université Paris VIII, Nadine Kirchgessner est mère de trois enfants doués et étudie la question de la douance depuis plus de vingt ans.
Elle est la créatrice du principal site sur le sujet : planetesurdoues.fr. Elle s’est aussi investie dans divers contextes associatifs sur le sujet du haut potentiel.
