
Question : Pourquoi avoir écrit ce livre, « Un beau jour ou peut-être une nuit » ?
Anaïs Legnongo :
Ce livre est quelque part un cri. Je vis ici, à Libreville, entourée de femmes dont le parcours de vie m’a toujours beaucoup émue.
Leur vie au Gabon est rude, elles sont le pilier maternel de la société gabonaise.
Sans elles, sans leur dévouement inouï à la cellule familiale, pour laquelle elles connaissent parfois des souffrances et la dure réalité d’une société souvent impitoyable, que serait le vivre-ensemble, comme on dit ?
« Un visage humain dans un Gabon encore trop inhumain »
Ces femmes sont le visage humain d’un Gabon qui est hélas encore trop inhumain vis-à-vis de son peuple.
Je les aime, ce livre est un message d’amour à mes sœurs gabonaises.
Question : A 26 ans, vous publiez là votre 1er roman. Vous êtes la plus jeune romancière au Gabon aujourd’hui. Comment est né ce goût pour la littérature et cette envie d’écrire ?
Anaïs Legnongo :
J’ai aimé apprendre la langue française au lycée de Port-Gentil où j’ai passé le baccalauréat.
« La francophonie, une source fabuleuse de création »
La beauté de cette langue, notre langue, l’apport incroyable, l’enrichissement qu’a été la littérature africaine francophone au français, m’ont donné envie des auteurs qui, au Gabon en particulier, ont fait de la francophonie une fabuleuse source de création. J’ai eu la chance de voyager très jeune, de visiter la France, mais aussi d’autres pays d’Afrique francophone comme le Tchad ou le Maroc et d’y découvrir le sésame qu’est la langue que nous avons en partage.
Question : votre roman peut devenir l’événement de la rentrée littéraire au Gabon. Que se passe-t-il dans la tête d’une jeune romancière ayant eu la chance d’être éditée par une maison d’édition française et qui vit de tels instants ?
Anaïs Legnongo :
Beaucoup d’émotion mais aussi beaucoup d’excitation à l’idée que le livre puisse contribuer à une prise de conscience collective de ce que le Gabon doit changer.
C’est une urgence nationale, à Libreville comme dans chacune de nos provinces du Gabon, dans nos villes et villages.
« La justice sociale sera conquise par et grâce aux femmes. »
Le respect est dû aux efforts et sacrifices inouïs qui sont les leurs pour faire face à la dureté de la vie, à la vie chère, pour permettre à leurs enfants de ne pas connaître la misère, pour leur offrir quand cela est nécessaire les soins que nos hôpitaux ne permettent souvent pas d’assurer aux enfants malades (je suis infirmière et je l’observe tous les jours), pour aider à survivre parents proches et fratries. La justice sociale dans notre pays est à conquérir. Elle sera conquise par et grâce aux femmes.
« Un beau jour ou peut-être une nuit » d’Anaïs-Chancellia Legnongo Ngoulou, roman, 90 pages, les Editions du Net, 13€