
Rue de la gaité
Rue de la gaité, ce jour-là, en fin d’après-midi… une femme en chemise de nuit s’écroule sur la chaussée. Rien qu’un banal fait-divers. Derrière la chute du corps se dérobe l’effondrement secret de toute une existence. Toute sa vie le personnage a craint de choir et de déchoir, de ne pas sauver ce qu’elle prenait pour une richesse, l’apparence. Dès lors enroulement et déroulement de la trame espace-temps recoupe l’enchaînement des faits, anecdotiques ou plus conséquents qui tissent l’histoire de la famille à laquelle appartient la dame de la rue de la Gaité et donnent du sens aux raisons, à priori non visibles, de s’affaisser dans de telles circonstances. L’ensemble des événements, détails, relevés dans leurs contextes historiques, culturels, sociétaux, personnels, concentrent et consolident le tissu particulier et les ressorts psychologiques de ce récit qui n’a d’autre ambition que de prouver que rien ne commence à partir de chacun mais tient beaucoup à une mémoire profonde, irréfutable, ineffaçable : la mémoire ancestrale. Elle se transmet. Elle façonne le besoin de chacun de retenir quelque chose de ce qu’on lui lègue, et à contrario de chercher ailleurs, de se créer ou de s’inventer un héritage fabuleux, bref, de se fabriquer son roman. On s’émancipe des conformismes, on se libère de quelques principes moraux, on s’échappe par la pensée et l’action des geôles du quotidien.