Vivre de la lenteur
Poser une réflexion sur la lenteur, c’est analyser, entre autres, les limites de la modernité et sa dynamique interne. En effet, l’accélération revisitée relève de la multiplication des possibles, des options et des choix mais aussi de l’injonction moderne selon laquelle une bonne vie doit se réaliser. Le désir d’autonomie prônée par la modernité reste l’une des causes idéologiques qui voudrait rendre l’homme disponible à tout moment de sorte que rien devrait lui échapper. D’où cette pathologie d’un genre nouveau renforcée aujourd’hui par des institutions qui voudraient envoyer le message de l’accélération comme inhérent à la vie des hommes. Ceux qui devraient accepter et imprimer l’accélération en tant que pan de leur existence. Le constat s’affiche, le texte sous les yeux, analysant l’accélération passe par le détour de la lenteur. D’où une question : la lenteur n’est-elle pas à son tour un problème ?
Rigobert Kabamba est enseignant de Philosophie à l’Université Officielle de Bukavu. Il investit ses recherches en Philosophie sociale et en Logique. Dans ce cadre, il dirige plusieurs travaux de mémoire de Master II et des thèses de doctorat. Auteur de plusieurs livres et articles scientifiques, il a été contributeur des plusieurs ouvrages collectifs suivant : La philosophie de la libération et de l’émancipation de Marcien Towa, Paris, Dianoia, 2021 ; Faire du paradis un enfer. L’État congolais, entre potentiel de richesse et pauvreté, Paris, L’Harmattan, 2023.