Inspiration

Safari Destin

Peut-être qu’elle avait peur de me voir souffrir de nouveau. Et puis… Nyota n’était-elle pas sa meilleure amie avant de me plaquer sans même me dire un mot ?

Cette pensée me rongeait. Le passé avait laissé en moi une cicatrice encore douloureuse, et je craignais que l’histoire ne se répète.

Ndeko avait peut-être raison : les affaires de femmes, on n’y fonce pas tête baissée. Il faut du temps. Du temps pour s’interroger soi-même et interroger aussi celle qu’on croit être l’idéale.

Mariam… serait-elle différente de toutes celles que j’ai croisées avant elle ?

De nos jours, l’amour ne repose plus sur un véritable sentiment, mais sur un jeu d’intérêts égoïstes. Chacun y cherche son compte, et les familles s’en mêlent, pesant le pour et le contre, évaluant la part de contribution matérielle que l’autre partie peut offrir. Ce n’est plus seulement deux cœurs qui s’unissent, mais deux stratégies qui s’affrontent.

Hélas, c’est devenu la norme dans notre communauté. La pauvreté a poussé les hommes à délaisser leur culture et leurs traditions, préférant des unions dictées par la survie et l’intérêt. Ceux qui s’accrochent encore à leurs coutumes insistent pour que les mariages se fassent uniquement au sein de la même tribu, comme un dernier rempart contre l’effondrement de leurs valeurs.

Je me souviens de mon grand-père. Son rêve était de me voir un jour marié et entouré de mes enfants, mais à une seule condition : que j’épouse une fille de notre tribu.

J’ignore encore si Mariam en est issue. Et, pour être honnête, au-delà de cette exigence, je sens que mon cœur me pousse vers un choix plus profond : celui de dépasser mon ego et le regard des autres.

Car au bout du compte, c’est à mon cœur seul que je devrai rendre des comptes.

Et si un jour Mariam acceptait de marcher à mes côtés, alors je n’aurais besoin de rien d’autre qu’elle pour bâtir la vie dont je rêve.

Je levai les yeux vers Ndeko. Il me regardait en silence, son visage fermé, comme s’il pesait chacune de mes paroles. Je connaissais ce regard : c’était celui d’un homme qui veut parler mais qui se retient.

Il savait les contraintes qui m’attendaient, les obstacles qui se dresseraient sur ma route. Mais il me voyait emporté par la mélodie de mon cœur, aveugle à tout le reste. 

Et lui, mon frère, mon ami, savait combien il est difficile de dire la vérité à un homme amoureux. Encore plus difficile de remettre en question ses choix.

Alors, il se contenta de soupirer et de dire d’une voix douce :

— Mon frère… fais juste attention à toi.

Ses mots étaient simples, mais je sentis tout le poids de son inquiétude.