En ouvrant le livre de ma vie

Octobre 1954, j’avais 5 ans, à travers des pistes escarpées, à dos de mulets poussiéreux, nous rejoignions la route carrossable rentrant de nos vacances estivales en montagne lorsque de violentes explosions ont déflagré le ciel. La pâleur des visages de mes parents ne présageait rien de bon. Nous l’apprîmes bien plus tard : c’était les premiers bombardements amorçant le début de la Guerre d’Algérie et nous venions d’y assister en direct. Tel un metteur en scène je rembobine le film d’une vie en noir et blanc pour rappeler l’étendue insurrectionnelle autour d’une population mi-indigène, mi-pieds noirs, mi-Française de France. Comme nos ancêtres, nous avions subi une Colonisation additionnelle. Le drapeau Français a été planté sous des luttes acharnées. Son empreinte a été signée par un mélange colonial dans les villes avec un exotisme Méditerranéen caractérisé par la diversité des races. Des petits prolétaires ont été imposés sur des terres confisquées à leurs propriétaires Algériens. Un combat, un Calvaire, une Délivrance ? Dans la tourmente de ce Conflit, nos voisins, amis, familles de substitution pour les uns et les autres appelés Pieds Noirs ont été déracinés contre leur volonté. C’était soit rentrer en Métropole, soit rester en Algérie et se faire massacrer par les hordes cruelles et assassines de l’OAS.

La libération ? Oui, mais à quel prix ?