Chapelets de sang

Le visage de Lmadani s’assombrit et ses yeux s’embuèrent. Il essuya ses larmes, se tut un moment et murmura : « Qu’ils leur accordent au moins une sépulture décente. Ils ont bien droit à une sépulture décente, ces pauvres malheureux. » Sur le coup, l’image de ses neveux lui traversa l’esprit, lointaine, nébuleuse. Il pensa aux circonstances où il les avaient vus naître, à celles où il ne les avait pas vus mourir, à la fugacité dérisoire de leurs rêves et de leurs espoirs. Un sentiment de dépit s’empara alors de lui ; une de ces peines poignantes qu’on ne peut épancher et qui ne peuvent se résoudre qu’en larmes.