Le Requin Jaune
Une famille en Normandie, sur 40 ans, au bord de la mer : des repas d’anniversaire, de Noël, des étés sans fin, le désir, beaucoup d’amour, de mots et d’ivresse. Quelques hommes, mais surtout les femmes, en bottes rouges ou pieds nus, parfois de simples initiales, un regard bleu et muet dans une grange, toujours belles. Et le requin jaune, qui rôde et attend son heure.
Être né au Maroc en 1963. Avoir le souvenir d’une enfance heureuse, en Normandie. Très tôt aimer les filles, très tôt. Vouloir les épouser, dès la maternelle, absolument. Aimer apprendre, vouloir être premier, trop souvent. Être tombé amoureux à 14 ans, en un regard. Lui écrire, la faire rire, chanter des chansons pendant 5 ans pour la séduire, oui. Vivre avec elle aujourd’hui, en liberté. Avoir publié un premier poème à 18 ans. Savoir que l’écriture reviendrait, après les dessins, les films et la musique. Enseigner les arts puis le cinéma pendant tout ce temps, avec passion. Avoir deux enfants, les aimer totalement, tendrement, tragiquement. Faire de la musique, presque chaque jour, en amateur. Se vautrer trop souvent, télécommande à la main, devant le grand flux. Aimer cuisiner au quotidien, manger et boire, avec excès parfois. Ne pas se lasser du corps des femmes, entrevues, regardées, effleurées, touchées. Se souvenir de celles qui... oui. Ne pas toujours être fier de ce que je suis, bien-sûr. Aimer ma vie, presque chaque jour. Ne rien prendre au sérieux, oui. Tout prendre au sérieux, évidemment. Perdre son père, un jour. Suivre parfois une odeur, marcher des heures, enregistrer les visages comme autant de traces. Aimer l’ami autant que l’amour, oui. En souffrir parfois, oui. Se projeter dans mille ans, en saisissant entre deux doigts un grain de sable.