Saïgon Hilton
Au café Saïgon, on rencontre M. Wui, le patron alcoolique sympa : Boudu, un vieillard frustré : Barberousse la grande canne, un septuagénaire barbu atrabilaire, consommateur d’insultes incendiaires envers les touristes :
« Rentrez chez vous. Foutez le camp, on n’a pas besoin de vous ici… »
On croise aussi, Balrauss, un nostalgique de Berlin et de sa famille disparue : Sacha, un homme entre deux âges qui peine à voir le monde autrement qu’avant 1975 : Bertie, baptisé Gnarly Clarinette, un Australien sympa et mégalo : Binh Xian, inspecteur de police surnommé Hareng, accompagné de son clown gradé, Chien de garde : M. Gilbert, huissier retraité de l’ambassade de France, et son ami Juillet, métis méprisé par la police : Tao, la Ballerine, l’androgyne, l’ami éclairé de Sacha, et sa cousine, Lê Thu, la bombe, le canon que les Chinois, les Japonais, vampirisent.
Il y a aussi : Anh Dào, dit Fleur de cerisier, serveuse au café Saïgon : Linh, délicieuse croqueuse de touristes : Ada, quadragénaire Italienne excentrique un peu folle : Les bush made in Australia, quatre jeunes femmes en chapeau feutre, chamboulées par l’ambiance inattendue des lieux : un groupe de Chinoises fluettes, Comtesses, Vicomtesses, dans la trentaine, le genre chien de concours, élevées fourrures zibelines.
Dans l’espace clos du café Saïgon, cerné par la circulation bruyante et les gaz d’échappement, se construisent des amitiés, des idylles silencieuses, parfois tapageuses, impudiques. L’essentiel des rapports humains se retrouve sur ce bout de territoire, sous la surveillance discrète du propriétaire, M. Vui.