
Le Mitan - Le Milieu Marseillais
À travers les yeux de Gino, fils d’immigrés italiens, le lecteur explore les quartiers populaires de Marseille, où se mêlent la chaleur du sud et la dureté d’une ville gangrenée par les trafics. Fasciné dès son enfance par les figures mythiques de la pègre - Sabiani, Carbone, Spirito, mémé Guérini et Zampa -, Gino rêve de sortir de sa condition en devenant l’un de leurs hommes de main.
Entre les grandes affaires qui secouent l’époque - la French Connection, l’affaire Lucet, l’assassinat du juge Michel - et le tumulte du port où s’échangent secrets et marchandises illicites, Gino est happé par la violence et la délinquance. Mais le sourire de la belle Lucie pourrait bien lui offrir une autre issue…
Dans un récit où le destin flirte avec la fatalité, l’auteur nous offre une fresque vibrante et surprenante de la Marseille des années 70. En bonus, un lexique savoureux du parler marseillais pour ne rien manquer des couleurs locales.
Lily Taix est née à Marseille et a grandi à La Belle de Mai. Mère de deux enfants et sportive, elle a mené une carrière éclectique : ancienne attachée parlementaire d’un député marseillais, elle quitte le monde politique pour explorer le secteur privé, l’aviation civile et le ministère de l’Intérieur. Ses déplacements entre plusieurs villes, de Marseille à Lille, l’amènent finalement en Bretagne, où elle rejoint la fonction publique territoriale, source d’inspiration pour Boboland, la ville des vacances. Auteur prolifique depuis l’enfance, elle revient aujourd’hui à sa ville de cœur avec la réédition de Marseille, mon Amour (2005), pour clore son parcours en renouant avec la politique.
Dans Le Mitan, Lily Taix plonge sa plume dans les ruelles sinueuses du milieu marseillais, mais ce n’est ni un polar convenu ni une énième fresque mafieuse à la sauce bouillabaisse. Non, ici, la pègre a de la profondeur, du panache, et même une certaine élégance tragique.
Lily signe un roman lucide et vibrant, où le réalisme cru n’écrase jamais la tendresse du regard. Les figures de l’ombre qu’elle dessine ne sont pas de simples caricatures de "voyous à l’ancienne", mais des personnages puissamment incarnés, tiraillés entre loyauté, fatalité et désillusion. On y sent l’humanité battre sous les tatouages, et les silences en disent parfois bien plus long que les dialogues.
L’écriture, ciselée, joue habilement des contrastes : brutale comme un coup de surin, poétique comme un coucher de soleil sur l’Estaque. Il y a du Simenon dans l’ambiance, du Audiard dans certaines répliques, mais surtout une voix propre, nerveuse, claire, subtilement ironique.
Le plus grand coup de Le Mitan ? Faire du Milieu non pas un folklore ni une nostalgie, mais un théâtre tragique, universel, où Marseille n’est pas seulement un décor — c’est un personnage à part entière, vibrant, rugueux, et terriblement vivant.
En somme : un roman noir au cœur chaud, comme une clope partagée sur un balcon qui donne sur la Méditerranée. Et si vous tendez bien l’oreille, vous entendrez peut-être, entre deux chapitres, un "oh fan de chichoule !" s’échapper du texte.
Signalement