Coudre et recoudre ce monde qui se défait à vitesse grand V - EN 30 POÈMES Suivis pour chacun d’une prose poétique
Entièrement absorbé par le geste d’écriture d’un poème.
Oubliant les affaires qui m’ont accaparé toute la journée
La pratique de la poésie a l’avantage de m’imposer une discipline :
Compte tenu des mots Du parti pris des choses De mon je (u) avec un moi en perpétuelle transformation
La poésie - contrairement à ses doux rêveurs qui la desservent - vise un but pratique : dans un monde lourd, bruyant du braiement des ânes, sa visée est de maintenir la persévérance d’une voix discrète, légère, mouvante et, selon le mot d’ordre du philosophe, persévérante.
Dorio Jean Jacques né le 24 mars 1945 La Bastide de Besplas (Ariège) /parents paysans/école normale d’institueurs Auch + Toulouse (1961-1966)/Coopérant à Caracas (1968-1970) Rencontre des indiens Panarés et Goajiro/ professeur de Français en collège/ Arreau (Hautes Pyrénées) Martigues (Bouches du Rhône)/marié 4 août 1979 veuf 25 mai 2014/2 filles nées en 1982 et 1986/vit depuis 1978 aux Martigues.
Aux éditions du Net : Un dictionnaire à part moi (Comme un portrait abécédaire) et Un nouveau dictionnaire à part moi.
Coudre et recoudre ce monde qui se défait à vitesse grand V
Un recueil de poèmes et de proses en vis-à-vis
La poésie n’est ni un rêve ni un luxe.
Dans un monde lourd, bruyant, où résonnent les braiements des ânes, elle est une voix discrète, légère, mouvante — une persévérance. « Chaque jour un poème », comme un exercice spirituel, un geste artisanal, une couture invisible qui maintient debout ce qui menace de se défaire.
Trente poèmes, trente proses.
Trente fois, le poème et sa prose se font face, se répondent, se contredisent ou s’éclairent. L’un vertical, l’autre horizontal ; l’un incantatoire, l’autre terre-à-terre ; l’un vers l’émerveillement, l’autre vers le geste qui crisse, déchire, recompose. « Les poèmes ne tombent pas du ciel, ils se font par essais successifs » — et c’est cette tension entre l’élan et le labeur, entre l’indicible et la page déchirée, que ce recueil explore.
Pourquoi ce livre ?
Parce que la poésie, loin des doux rêveurs qui la desservent, est un outil. Un outil pour « maintenir la persévérance d’une voix », pour « coudre et recoudre » ce qui se défait. Un outil dédié « aux enfants et aux raffinés », à ceux qui savent que la légèreté est une force, et que chaque mot est un point de suture.
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Tu écrivais ailleurs :
« RECOMMENCER TOUJOURS RECOMMENCER Il faut être fou pour croire qu’on peut passer ses nuits à réparer la prose du monde à le recoudre
à croire que l’on va rapprocher celui que l’on avait imaginé avec celui que l’on se met en quête d’écrire sur une carte dorée
Recommencer de saturer son espace des mots amour, art, bibliothèque, citations, corps, dictionnaire, enfance, esprit, guerre, hamac, hasard,
hypnographie, inachevé, jardin, langue, lecteur, lettre, liberté, lignes, lèvres, livres, monde, poème, rêve, temps, texte, vers, vie » écrivais-tu ailleurs
Ce nouveau livre voudrait y croire, qui persévère en la voie choisie, affirme la visée vitale persévérante de ton rituel nocturne d’écriture.
Contre ce monde comme il va, ses sinistres réalités, son chaos décousu et violent, tu poursuis ce tissage de fragments de mémoire, pages lues et relues,
titres, chansons, pensées, rêves et visions …Bref, la fabrique du texte, l’atelier des voix entrecroisées, le questionnement de l’écriture, sa raison d’être, sa nécessité .
Recoudre, rapiécer, raccommoder ce qui se déchire, se défait, se troue de partout.
« Exercice spirituel » incluant le jeu, l’ardeur, « tout feu tout flamme », la nostalgie, l’auto dérision, la réflexion existentielle.
Prose poétique et poème se font écho, dialoguent, s’éclairent et se répondent…
en invitant le lecteur à cette pratique régénérante
Jacquie
PS petite remarque, le titre me plait, je l’aurais préféré seul sur la couverture
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Jean Jacques Dorio
Coudre et recoudre ce monde qui se défait
à vitesse grand V
Les éditions Du Net, 2025, 67 p.
Le poème fait surgir et lève au fur et à mesure qu’il s’inscrit n’importe où, n’importe quand, les mots qu’il rencontre, les évite, les magnifie, rejoint d’autres mots, des morceaux de phrases, mémoire qui restitue tout un parcours, de bribes surgies à la sauvette ou longuement méditées. Un ensemble de chemins qui se regroupent, s’écartent, reviennent, tissent de nouveaux liens, ouvrent des portes qui se ferment et se réouvrent. Tout peut être tu, tout peut être dit et le poème quand même s’établit, sort du papier à la barbe du poète, du fond de sa sensibilité, de son expérience, de sa raison et va vers le regard de l’autre, son entendement comme une flamme vive ou à couvert. Peintres, musiciens accourent aussi, tourbillons de mots, de pensées, d’éclats en obscurs ou clairs propos. Le poème arrive, se forme, se fond dans la masse du dire, scintille comme une guirlande de Noël dans tous ses feux de lumière. Tout se tient et se défait puis se lie à nouveau dans une mouvance, une spirale d’air, une eau redevenue calme.
Le poème fait son chemin parmi les mots, les siens avec leur évidence, leur secret obscur, la marge de leurs sens. Il y a toute une présence de signes, d’éclats, de dire posés qui frémissent dans le clair-obscur de la pensée. Tout un indicible se cache derrière les mots simples en apparence, en fait rien n’est évident après le premier coup d’œil. Les mots vagabondent, ne traînent pas sur la page, échappent au blanc qui les étouffe. Il reste comme un envoûtement sous la domination de la parole qui ne prend son élan qu’après plusieurs lectures.
C’est un art poétique très méticuleux, très détaillé qui nous livre quantité d’approches du poème de manière personnelle et pertinente. Tout y est appelé : la vie privée même dans ce qu’elle a de ténu, les remémorations de lectures, divers souvenirs, composés par phrases décousues, des bribes de mémoire. Tout s’assemble et forme une cohérence par des paroles simples, transmissibles, immédiates qui font chanter de l’ombre. Jean Jacques Dorio donne carte blanche à la fantaisie, à l’imaginaire pendant une petite heure. Il tente d’accrocher le lecteur, de rendre le poème nécessaire, de retrouver celle qui n’est plus là. Nous traversons des moments de vie qui se donnent avec pudeur par celui qui toujours cherchera la poésie, surtout celle à partager.
Ainsi de nuit en nuit je me dénuite je sors des mots inédits ligne à ligne je tisse je détisse je rumine et poème se faisant je m’oublie le temps reviendra bien me tarauder mais quand j’écris il est exclu du jeu de même que ce « je » qui n’est pas « moi » Ainsi de nuit en nuit ce beau défi ou repentirs
Et raturages sont interdits (au risque d’un vers de guingois mort-né) ainsi de nuit en nuit je dynamite
Jean-Marie Corbusier Le Journal des Poètes
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