Lucie d'Honfleur - (Demoiselle 4 arts)
Aux côtés de Gustave que tout le monde à Honfleur connaît sous le nom de « Queue d’vaque », grandit Lucie Delarue Mardrus. Née bourgeoise, elle se plaît à suivre le garçon sur les quais de Honfleur, sur les bords de l’estuaire et dans cette campagne merveilleuse, terreau de son âme de poète.
Si le jeune garçon tombe évidemment amoureux de cette fille singulière et si belle, Lucie comprend assez vite qu’elle est différente. Pourtant, rien ne brisera ce pur amour tant il est d’ordre fraternel, donc indestructible.
Il est des gens que tout prédestine à l’oubli comme Gustave par exemple qui n’a ni talent particulier, ni l’unicité qui fait la différence ; même s’il a la chance de côtoyer Alphonse Allais ou Erik Satie.
Il en est d’autres, au parcours atypique, aux failles et aux fragilités dignes des vrais génies mais qu’on s’empresse d’oublier parce qu’ils dérangent par leur talent, leur beauté, leur dissemblance.
Cela est bien une évidence pour celle qui a épousé le traducteur « Des mille et une nuits ».
Si de nos jours on retrouve des Gustave Honfleurais parce qu’ils ont chevillé au cœur la simplicité de l’ordinaire, il ne se fera plus de Lucie Delarue Mardrus, créature invisible aux yeux des humains du XIXe siècle mais que l’on redécouvre enfin, comme sortie de l’univers d’Aladdin.
Pour sa ville natale, Nicole Badouard a une véritable fascination. La « belle des fleurs, fjors » dont les conquérants depuis Rollon façonnèrent la race normande. Pas étonnant que d’eux nous arrivent des hommes et des femmes au destin extraordinaire. Après « La Honfleuraise » puis « L’homme de bois », voici donc Lucie Delarue Mardrus, collectionneuse comme jamais de beaux mots à l’odeur salée de notre estuaire et d’une poignée de foin des campagnes beurrées des Dieux que le Calvados parfume.