Sormiou, les contes de ma calanque - Préface du Prince Albert II de Monaco
En 2024, l’auteur constate l’état de dégradation dû au surtourisme de sa chère calanque : Sormiou. En est issu un état des lieux au sein du Parc national des calanques. Dans la première partie, est évoqué un monde que nous avons perdu, le microcosme des plongeurs de Sormiou autour du premier des moniteurs de plongée du Club de la mer : Jean Pernet (1922-1987), parrain de l’auteur. Sur un ton ludique, il s’agit d’une approche à la fois ethnographique et historique, en retraçant un mode de vie dans l’inconfort, sans eau courante, électricité ou téléphone pour 130 cabanons. Un certain nombre de rites, de savoir-faire caractérisaient cette communauté. La beauté de la côte des calanques ressort du récit alerte, sous forme de contes vécus, des plongées où la liberté se conjuguait avec une première prise de conscience de la fragilité du milieu. Évoquer Sormiou, c’est aussi, en livre II, redonner toute son importance à un pionnier qui y fit ses premières armes et qui retrouva sa calanque en fin de vie : Albert Falco (1927-2012). Premier océanaute de l’histoire, en compagnie de Claude Wesly, en septembre 1962, au Frioul, lors de l’expérience de Précontinent I, cet homme-océan totalisait 20 000 heures sous les mers. L’auteur fit avec lui une série de plongées mémorables, en 1979 sur divers sites de la côte des calanques, puis entre 1990 et 1993 lorsqu’Albert Falco prit sa retraite de capitaine de la « Calypso ». À l’automne 1996, le fantôme du plus célèbre des navires français, après son chavirage à Singapour, hantait le quai de l’oubli à Marseille. Albert Falco y raconta alors des épisodes peu connus de sa vie extraordinaire au sein de l’équipe du commandant Jacques-Yves Cousteau.
Né en 1949 à Marseille, professeur émérite d’histoire contemporaine à Sciences Po Aix, Jean-Charles Jauffret est un spécialiste des guerres d’Algérie et d’Afghanistan. Apnéiste, il doit tout à son apprentissage à Sormiou, formé par deux géants de la mer, Jean Pernet et Albert Falco qui furent ses amis et à qui il rend hommage dans ce livre où le rire l’emporte bien souvent sur la nostalgie.
Quelle verve ! Un sens du récit et un style éblouissants. Un Pagnol maritime, ponctué d'accents conradiens, afin de faire revivre le petit monde disparu des plongeurs du lundi de la calanque de Sormiou, autour de l'épicurien Jean Pernet, à l'avant-garde du message de préservation des ressources marines, que mon grand-père m'avait décrit Le rire l'emporte le plus souvent sur la nostalgie en première partie, tandis que la seconde évoque, de main de maître, l'équipe Cousteau à travers l'homme-océan qu'était Albert Falco. L'ouvrage apporte beaucoup à propos d'épisodes méconnus vécus par le capitaine le plus célèbre de la "Calypso".
Une infinie poésie, mais aussi un goût pour conserver le parler marseillais, au sens noble du terme en version calanquaise, ressortent de ce livre hors normes.
Et si l'historien Jean-Charles Jauffret était aussi un de nos grands auteurs provençaux ?
Signalement
Un immense plaisir de lecture. Jean Charles Jauffret lanceur d'alerte pour sauver nos calanques nous donne envie d'embarquer à bord de la Calypso en compagnie d' Albert Falco.
Ce livre, un hymne à la "Grande bleue", à l'amitié, à la beauté du monde en danger. Albert Camus aurait aimé.
Signalement
Je ne peux pas être objective! Jean Charles Jauffret c'est mon amivaleursûre depuis "l'an pèbre". Je bois ses paroles, ses écrits..il me fascine par son érudition. Je croyais le bien connaître...et voilà qu'il écrit "Sormiou. Les contes de ma calanque" précédé des "Souvenirs d'enfance d'un historien".
Soudain je découvre un garnement curieux de tout, un poète, un tendre, un amoureux de la vie, de la nature, de la planète mer et des profondeurs de la Grande Bleue.
Quel régal ces contes! Dans le style qui lui ressemble ô combien, où les galéjades flirtent avec les drames, où les envolées lyriques cèdent la place aux odeurs de grillades, où l'excessif s'incline devant la modestie, un fil conducteur, l'amitié. L'amitié dans toutes ses déclinaisons, générosité, respect, reconnaissance, tolérance, amour..
Qui d'autre mieux que celui qui a vécu ces heures paisibles ou dramatiques, côtoyé, admiré, chéri ces êtres d'exception qui l'ont en partie façonné, pouvait laisser ce précieux témoignage sur la vie de la petite communauté de Sormiou à une époque hélas révolue.
Voilà une lecture qui laisse en bouche le goût fortement prononcé en iode des violets, les pâtes aux langoustes arrosées d'un cassis blanc.
Mais pas que....
Bonne lecture !
Signalement